Je le veux maintenant et vite ! Plus vite !

Un ancien collègue me disait toujours : « Il y a peu d’urgence, mais il y a beaucoup de gens pressés ». Cela prête à sourire, mais cela devient aussi grave. En effet, dans notre société occidentale, nous désirons avoir les choses immédiatement. Nous ne voulons pas attendre. Or, pour satisfaire cette demande du « tout tout de suite », nous finissons par mal accomplir nos tâches. Il faut ensuite corriger les incohérences, les erreurs et la mauvaise communication.

Ce n’est ni productif, ni efficace, et encore moins efficient.

Les personnes qui travaillent dans ce mode, vont interrompre les autres à plusieurs reprises pour poser des questions souvent inutiles car non réfléchies. Cela me rappelle ce que disait Jean -Marc Pairraud du cours « Etre positif au travail », « nous sommes interrompus en moyenne 11 fois par heure car nous travaillons dans la culture de l’immédiat. »

Comme je le disais dans l’article sur la concentration, selon les universités d’lrvine en Californie et d’Humboldt en Allemagne il nous faut en moyenne 23 minutes et 15 secondes pour retrouver le niveau de concentration que nous avions avant l’interruption. Or, 11 fois par heure cela représente une interruption toutes les 5 minutes et 45 secondes. Autant dire que la concentration devient impossible.

Comment faire ?

Si nous appartenons au groupe de personnes qui travaillent dans l’urgence, réfléchissons sur les paroles de la chanson « Ama » d’Eros Ramazotti qui dit : « La vie est trop courte pour la vivre en courant ».

« À force de sacrifier l’essentiel à l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel. »

Edgar Morin

Personnellement, je suis quelqu’un de ponctuel, et je considère que mon temps et celui des autres est précieux. C’est pourquoi je déteste le gaspiller avec des réunions interminables et non préparées, une attente interminable à la poste ou un trajet en voiture qui s’éternise à cause des embouteillages.

Mon premier effort consiste à ne pas déranger les autres inutilement. Pour ce faire, j’ai pris l’habitude de faire d’abord mes propres recherches, puis de réfléchir, et enfin, si je ne trouve pas la réponse, d’ajouter le point à une liste dédiée à la personne qui pourrais me répondre. Ainsi, lorsque je la rencontre, je lui poserais toutes mes questions en une seule fois. Gain de temps pour elle et pour moi.

Heureusement, une réflexion approfondie s’est développée autour de l’adage latin « Festina lente », qui a en quelque sorte inspiré le mouvement Slow Food à la fin des années 1980. Cela signifie « Hâte-toi lentement ». Le mouvement initié par Carlo Petrini, journaliste, sociologue et critique culinaire piémontais, s’est opposé au « fast food » qui avait émergé dans la Rome historique.

L’idée était non seulement de profiter d’une nourriture saine et traditionnelle, mais aussi de prendre le temps de savourer ce que l’on mange. Cela permet de manger moins, car le cerveau envoie le signal de satiété environ 20 minutes après le début du repas.

En 2004, l’écrivain canadien Carl Honoré sorti son livre « Eloge à la lenteur » avec l’idée ci-après : « « Et si un bon usage de la lenteur pouvait rendre nos existences plus riches ? Pourquoi sommes-nous si pressés ? Pouvons-nous et voulons-nous aller moins vite ? Nous avons décidément tendance à privilégier la quantité des tâches à abattre à la qualité de nos actes quotidiens. »

Comme le dit si bien Pierre Moniz-Barreto, « La lenteur commença alors à apparaître comme un antidote au speed généralisé : susceptible de ramener un peu de bien-être et d’harmonie dans le grand déséquilibre de nos existences accélérées et chahutées ».

Dans la même veine, Leo Babauta a sorti son livre « L’art d’aller à l’essentiel dont je vous parlais dans l’article « J’aimerai pouvoir respirer ».

En Occident, nous avons oublié que le temps n’est pas seulement linéaire, mais qu’il comporte également une dimension fluctuante et qualitative. C’est cette dimension qui nous permet de répondre à nos questions les plus profondes grâce à la réflexion. J’y reviendrai prochainement.

En attendant, les Efficients, rappelez-vous que « fast » est souvent synonyme de quantité et non de qualité. De Lafontaine le comprit bien avant nous avec sa fable du lièvre et de la tortue !

Les photos sont de Frames-for-your-heart (unsplash), de Jorge Zapata (Pexels) et de Oleg Gapeenko (Vectezy)

Articles suggérés

2 réponses

  1. Super article! C’est vrai que les gens de notre époque vont tous trop viiiiiite! C’est affreux, stressant et comme tu le dis, faut ensuite tout corriger derrière! Alors bon, on fait tous des erreurs mais vive le slow work 😉 Lentement mais sûrement!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *